« Mieux Manager la Transition Alimentaire » Interview avec Freddy Thiburce

De grands acteurs de l’accompagnement des entreprises, Rennes School of Business*, Valorial et l’ESA se sont regroupés afin de créer une formation sur la transition alimentaire : une triple expertise en marketing de l’innovation, intelligence collective et stratégie digitale.

Freddy Thiburce, en tant que responsable de programme de cette formation et Dirigeant-associé de la société Manger du sens, s’appuie sur une riche expérience en gestion de projets innovants dans les « filières du manger » pour livrer ses conseils aux acteurs alimentaires, les aider à innover, à se transformer ou réinventer leurs modèles. Il revient sur la « transition alimentaire » en cours et sur les évolutions à venir de nos modèles de production alimentaire : le secteur, soumis aux enjeux majeurs de la crise sanitaire et de celle économique à venir, fait face à des défis inédits.

Freddy Thiburce

Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les acteurs de la chaîne alimentaire ?

Les acteurs de la chaine alimentaire doivent relever au moins trois défis majeurs : environnemental, sociétal et digital. Le premier est bien connu, le secteur agro-alimentaire est à la fois victime et, pour partie, responsable des dégâts climatiques. L’enjeu sociétal consiste, lui, à répondre à la croissance démographique et ainsi nourrir une population qui passera de 7,5 milliards d’individus aujourd’hui, à 10 milliards d’ici 2050. Dans les faits, l’agriculture en est capable mais elle va devoir s’adapter pour concilier la préservation des ressources naturelles et la santé humaine. Il faut aussi tenir compte des effets générationnels. Notamment des nouvelles exigences des « Millenials » et des modes de consommation des seniors. Ceci à plusieurs conséquences, que ce soit au niveau managérial ou sur le renouvellement des générations dans l’agriculture. Enfin, les technologies numériques sont un tsunami à tous les stades du cycle de production et de la mise en marché des nouvelles expériences alimentaires. Autrement dit, on produisait, on transformait et on commercialisait quasiment de la même manière depuis les années 60 et c’est définitivement fini ! Les bouleversements sont profonds et on assiste à un réel changement de paradigme.

Qu’entendez-vous par tsunami ?

Le digital offre l’occasion de répondre aux deux premiers défis à travers une traçabilité totale de la production, que ce soit pour en connaître la provenance ou pour mieux anticiper les besoins et les stocks. Le numérique est aussi l’occasion de réduire les coûts, de garantir l’approvisionnement des unités industrielles, d’optimiser l’utilisation des ressources et donc de préserver l’environnement. Le « Big data » est une avancée majeure dans la connaissance des parcours client et dans la compréhension des actes de consommation. Cela rebat totalement les cartes y compris celles du marketing, de la communication et de l’influence.

A quoi ressemblera alors la transition alimentaire ?

Aujourd’hui 36 % des consommateurs se déclarent flexitariens, avec une consommation occasionnelle de viande. La proportion de ceux qui privilégient les protéines végétales, la saisonnalité et la proximité progresse sans cesse. Les industriels et le législateur agissent également dans ce sens : RSE, Feuille de route de l’économie circulaire, Loi Pacte, etc.

Les produits bio ou issus de l’agriculture raisonnée ont le vent en poupe. On cherche à limiter le suremballage ou le gaspillage alimentaire. Toutes les nouvelles offres émanant de l’AgTech et de la FoodTech illustrent, si besoin, les bouleversements en cours. Quatre grandes influences interagissent sur les modes de consommation : l’expérience connectée, la conscience, le bien-être et les territorialités. Elles ouvrent nombre d’opportunités pour inventer les produits et services de demain.

Quelles sont les aptitudes nécessaires pour relever les défis du secteur ?

En premier lieu, la capacité à porter un regard global et le plus objectif possible sur la complexité de la situation, et d’autre part, la volonté d’engager les marques alimentaires et leurs organisations « sur des préoccupations de nutrition et de santé, de lutte contre le gaspillage alimentaire, de réponses écologiques aux questions environnementales, climatiques, ainsi que sur des adaptations aux évolutions sociétales et à la relation au temps », ainsi que le préconise le think tank AgrIdées, dans sa publication « Flexitarisme : une opportunité pour la chaîne alimentaire ? ».

Pourquoi avez-vous co-construit le programme « Manager de la transition alimentaire » ?

L’objectif est de décrypter la transition alimentaire et d’acquérir des clés stratégiques et organisationnelles facilement applicables en donnant à chacun la possibilité de créer sa boîte à outils pour transformer les nouveaux défis en opportunités internes et créer ainsi de la valeur à travers des stratégies de développement.

C’est un parcours qualifiant très accessible de 8 journées de formation-action concentré sur environ 4 mois qui n’altère pas la disponibilité des professionnels en activité. Son format axé sur les retours d’expériences et les échanges entre participants est plébiscité par les stagiaires.

A quels types de profils s’adresse cette formation ?

Des managers et cadres en gestion de projets du secteur agricole et agro-alimentaire (développement, innovation, marketing, logistique, production, …), des prestataires de service souhaitant avoir une vision globale pour accompagner les acteurs de la chaîne alimentaire dans leur transformation, des acteurs du changement et de l’innovation (ex. technopoles, pôles de compétitivité, incubateurs/accélérateurs, etc.), des acteurs des collectivités territoriales (ex. élus, chargés de mission, etc.). Ce certificat est finançable via le CPF et valide un bloc de compétence du programme Responsable de Centre de Profit.

Comment l’équipe réunie par Rennes School of Business, enseigne-t ’elle le management de la transition alimentaire ?

Le certificat « Manager de la transition alimentaire » a été cocréé en croisant les regards entre Rennes School of Business, le Groupe Ecole Supérieure d’Agricultures d’Angers (ESA), VALORIAL (le pôle de compétitivité dédié à l’innovation agro-alimentaire en mode collaboratif) et la Startup MANGER DU SENS (1ère Plateforme collaborative de transition alimentaire à impact positif).

Cette cocréation a pour vocation d’éclairer les participants d’exemples concrets, de les accompagner en leur apportant des outils immédiatement transposable dans leur quotidien. Le certificat se compose de deux grands modules « Transition alimentaire » et « Défis stratégiques et organisationnels ».

Il est dispensé par des enseignants et experts et repose, en partie, sur la pratique, les retours d’expérience et des cas concrets. Les échanges entre participants et professionnels extérieurs sont privilégiés. Cette formation est un bon compromis entre apports de connaissance, cas concrets et partage d’outils afin d’être le plus opérationnel possible, que ce soit en matière d’innovation, de RSE ou de management de projets en mode agile. De plus, la taille du groupe permet de se pencher (en toute confidentialité), sur les problématiques ou projets des participants qui le souhaitent.

 

Découvrez le certificat « Manager de la Transition Alimentaire »
https://executive.rennes-sb.com/formation/manager-transition-alimentaire/

 

 

 

 

 

Karen.Bacconin@rennes-sb.com  06 85 03 72 90 Rennes
kirt.wood@rennes-sb.com 06 83 23 01 86 Paris

           

 

* membre d’Agridées