Aujourd’hui, quelles sont les usages de l’IA en entreprise ?

En préambule, il faut préciser que l’IA entraîne une révolution dans notre quotidien, comme a pu le faire en son temps l’électricité, ou plus tard l’ordinateur. Elle va avoir un impact partout et va modifier en profondeur le fonctionnement des entreprises. Clairement « data is the new oil » !  

L’avancée principale de l’IA est de collecter et surtout de traiter des informations que les entreprises ne savaient pas autrefois utiliser. Les algorithmes fournissent un matériau important pour extraire de la connaissance. Par exemple, lorsque eBay a commencé à utiliser l’IA pour intégrer la traduction automatique des descriptifs de ses produits en espagnol, en visant le marché sud-américain, l’entreprise a augmenté son chiffre d’affaires de 20 %. C’était tout simplement impossible de réaliser un tel travail sans l’usage de l’IA.  

« Chez Amazon, le but de l’IA est que les consommateurs reçoivent leur colis avant même d’avoir songé à le commander » 

Autre exemple, dans l’agro-alimentaire, chaque année ce sont l’équivalent de 200 milliards de dollars de produits qui partent à la poubelle. L’IA permet d’améliorer la chaine de l’industrie agro en prédisant exactement la demande des supermarchés. Le véritable apport de l’IA c’est cela : la précision de la prédiction. Chez Amazon, qui est l’un des plus gros investisseurs dans l’intelligence artificielle, le but est que les consommateurs reçoivent leur colis avant même d’avoir songé à le commander.  

Vous avez un exemple concret de ce type de prédictions ?

L’expérimentation de la start-up californienne Zume Pizza est assez éclairante. Ses fondateurs se sont donnés pour objectif de détrôner les leaders du marché. Pour ce faire, ils s’appuient sur le big data et les robots. Les pizzas sont confectionnées et cuites dans des fours intelligents dans les camions de livraison, mais surtout, l’entreprise sait quelles pizzas seront commandées en fonction de la demande dans un quartier, du jour de la semaine, de la météo, des programmes télé ou encore des événements sportifs locaux. Des données qui permettent de calculer précisément le nombre de pizzas peppéronis qui seront commandées à Los Angeles, un mardi par exemple…  

Economiquement, à combien se chiffre l’apport de l’IA ?

Nous sommes dans une période de transition où l’on voit la technologie dépasser l’humain sans que nous ayons la capacité d’en mesurer exactement l’apport. C’est le paradoxe de la productivité déjà rencontrée à l’émergence d’autres technologies. En clair, nous savons que la productivité des entreprises va augmenter avec l’IA mais nous ne savons pas quand, ni avec quelle intensité. Plusieurs facteurs doivent encore entrer en ligne de compte, comme une vague d’innovations complémentaires, des changements organisationnels et le développement de nouvelles compétences. Mais comme Internet et le e-commerce, l’IA va bousculer le fonctionnement des entreprises.  

Comment aider les entreprises à intégrer le big data ?

A Rennes Business School, l’enseignement insiste sur le sens de l’utilisation de l’intelligence artificielle. Mais la première étape est de comprendre l’écosystème de l’IA, le machine learning et les données elles-mêmes. Ce n’est qu’une fois que l’on a compris le potentiel des algorithmes que l’on peut leur fournir des données à analyser. Dans mes cours, j’explique aussi qu’il y a deux fenêtres complémentaires : d’un côté l’automatisation et l’amélioration d’un process et de l’autre l’IA vue comme des séries d’innovations qui permettront de rendre les technologies existantes plus performantes. Cette fenêtre d’approche est particulièrement intéressante car elle va modifier en profondeur la façon dont les entreprises travaillent. C’est cet axe qui permet de disrupter d’anciens marchés et crée un « bridge d’innovations ».  

L’utilisation massive des données soulève également des questions éthiques…

C’est exact. A l’école, nous rappelons d’ailleurs aux élèves qu’ils sont à la fois de potentiels utilisateurs des données et des données eux-mêmes. Les dérives sont réelles quand on sait qu’une photo postée sur Facebook, ne serait-ce qu’une heure avant d’être supprimée, est stockée par Clearview, une société de reconnaissance faciale. Nous insistons sur le respect de la propriété intellectuelle et sur le fait de ne pas dériver dans l’usage des données.  

Aller plus loin, formez-vous à l’AI