Le CIF est mort ! Vive le compte personnel de formation. Et désormais, il ne faut plus compter heures. Mais en euros sonnants et trébuchants. Dans l’ancien système, le CPF était crédité de 24 heures de formation par année de travail à temps plein. Le tout avec un plafond de 150 heures. Depuis la réforme, la somme allouée varie de 500 à 800 euros (pour les travailleurs les moins qualifiés) par an toujours pour un salarié à temps plein et dans la limite de 5 000 euros. Les heures déjà acquises, elles, sont converties via un taux de 15 euros de l’heure.
Seule contrainte ? Faire le choix d’une formation qualifiante et certifiante en accord avec son employeur. En clair : il ne s’agit pas de s’absenter de l’entreprise pour suivre une obscure formation en lien avec ses loisirs ou ses centres d’intérêt mais bel et bien d’acquérir de nouvelles compétences métiers. Une secrétaire de direction pourra ainsi logiquement se former à l’utilisation des réseaux sociaux si son patron identifie un besoin pour son entreprise ou estime que cette dernière revêt un caractère stratégique.
Un dialogue constructif au sein de l’organisation
Attention néanmoins à ne pas perdre de vue qu’au final c’est l’employeur qui donnera son feu vert au projet de formation. Notamment, si le salarié n’a pas suffisamment de crédits à disposition sur son compte pour s’acquitter de la totalité du montant de la formation. Certains experts considèrent qu’il faut d’abord voir dans ce dispositif un nouvel outil de dialogue entre salariés et dirigeants et soulignent que le deal doit être gagnant-gagnant. Pour eux, si l’intérêt est partagé alors l’employeur pourra éventuellement prendre à sa charge les frais annexes ou même permettre au salarié de se former sur son temps de travail.
Plus prosaïquement, il faut donc que les parties s’écoutent, s’entendent sur un bénéfice mutuel et fassent, chacune, un pas en direction de l’autre. D’après la Dares*, 900 000 formations ont été suivies par les salariés du privé entre 2015 et 2019. Le gouvernement, lui, vise aujourd’hui 1 million de formations par an. D’ores et déjà, certaines avancées sont déjà notables. Notamment du côté de l’information des employés et des ouvriers. C’est même l’un des objets de la nouvelle application lancée par les services de la ministre du travail. Alors si, encore une fois, tout n’est pas parfait, force est de constater que les choses avancent néanmoins dans la bonne direction.
Le conseil en évolution professionnel
Le CPF nouveau mise donc sur la responsabilité des salariés. Et la nouvelle application (voir encadré) lancée récemment à grand renfort de communication devrait y aider. Le système de financement a également été simplifié avec une contribution unique. De même, les formations à distance et les formations sur le lieu de travail intègrent ce dispositif. L’idée étant de passer progressivement d’un plan de formation à un plan de développement des compétences. Premières visées : les entreprises de moins 50 salariées.
Depuis le 1er janvier 2020, de nouvelles dispositions sont également rentrées en application. Désormais, les personnes à mi-temps (dont 80 % d’entre elles sont des femmes) bénéficient des mêmes droits à la formation que les salariés à temps plein. Les travailleurs des plateformes ont également accès à la formation professionnelle pour pouvoir se réorienter, se qualifier ou se reconvertir. Ils bénéficieront d’un abondement complémentaire, financé par les plateformes. Un conseil en évolution personnel a, par ailleurs, vu le jour. Gratuit, confidentiel, il permet à tous les actifs de faire le point sur leur projet professionnel et d’identifier des solutions adaptées.
Enfin, les salariés qui le souhaitent peuvent bénéficier du CPF de transition. Ce dernier leur permet de changer de métier et d’évoluer vers d’autres univers professionnels via une formation longue dite de reconversion. Il est même possible de se former à la création ou à la reprise d’entreprises.
*Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques